lundi 14 avril 2014

Innovation : risquons nous à un peu de lumière (définitions)


Innovation : la définition qu'en propose le Manuel d'Oslo est : « la mise en œuvre par une entreprise, et pour la première fois, d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations avec l'extérieur ».



Prenez garde à ne pas confondre INNOVATION et INVENTION (au sens découverte).

Autrement dit, et pour les PME en particulier qui n'ont généralement pas les moyens de se lancer dans des programmes de R&D au long court (fussent-ils très innovants), l'innovation réside déjà simplement dans leur capacité à FAIRE AUTREMENT.

Au cours des séminaires innovation ou lors des conférences et débats innovation dont on m'a confié l'organisation revient une question désormais rituelle "... concrètement comment devient-on innovant?...". Une question qui sous-entend que la théorie est une chose simple mais que la pratique est une affaire bien différente. Ma réponse à cette question peut paraître simpliste mais à qui sait l'écouter elle permet de s'engager délibérément et significativement sur le chemin de l'innovation :

"L'innovation est un processus d'amélioration continue, impliquant de manière transverse toutes les fonctions de l'entreprise, qui consiste à remettre systématiquement en cause chacun des autres processus de l'entreprise à fins de les améliorer. Il tend à rechercher le moyen le plus efficient pour répondre aux besoins exprimés ou non des clients actifs ou ciblés."

Cette définition personnelle est volontairement centrée sur les processus internes de l'entreprise. En effet l'expérience montre qu'une entreprise en mouvement (croissance, fusion, restructuration...) est souvent beaucoup plus innovante qu'une entreprise stable qui plus est lorsqu'elle opère sur un marché mature. Or l'innovation, nous le verrons plus avant, peut porter sur des dynamiques très variées. Autre surprise de taille, l'innovation est souvent initiée par des acteurs non traditionnellement associés à l'innovation : Finances, Supply-Chain, Informatique, Achats, etc. L’implication dans un processus d’amélioration continue transverse, de collaborateurs, tous porteurs d’expertise et de savoir-faire non directement liés aux produits et services commercialisés par l’entreprise, apportera à terme un regard neuf au processus innovation en lui-même.

En synthèse, pour insuffler l'innovation dans une entreprise il convient déjà d'instaurer changement et transversalité comme postulats à son fonctionnement.

Mais attention, le changement est par définition incertain et inconfortable !

Sans sombrer dans la crainte infondée et irraisonnée de l’inconnu, il convient de ne pas sous-estimer les résistances au changement auxquelles les porteurs d'innovation se retrouvent confrontés. N’oublions pas que l’innovation s’inscrit dans un cycle long de la vie de l’entreprise ; c’est un processus lent qui paradoxalement va bouleverser en profondeur les fondamentaux de l’entreprise. Nous reviendrons sur ce point dans un article intitulé « les trois cycles fondamentaux de l’entreprise ».

Nous évoquions le changement car la propension à l’innovation est avant toute chose une caractéristique objective et concrète de la capacité d'une organisation à se mettre en mouvement. Et donc à se porter vers l'avant, à se projeter vers son avenir, à réaliser son projet d'entreprise.

 

 Devenir innovant ou plutôt passer au "révélateur objectif de l'innovation" est un parcours balisé où l'on se retrouve confronté non pas à une mais à trois réalités implacables :

-1- Est-ce que l'entreprise est en cohérence avec son projet d’entreprise (sa stratégie) ?

Cette première brique pose déjà plusieurs questions assez structurantes et trop souvent oubliées dans une démarche innovation : avons-nous un projet d’entreprise ? et si oui, ce projet est-il formalisé ? et si oui, ce projet est-il connu des collaborateurs ? Travailler sur la rédaction du projet d’entreprise est du ressort des dirigeants et des parties prenantes (CA, actionnaires, mandataires, Direction Générale, etc …)

Mettre en cohérence ce projet d’entreprise avec son quotidien est l’affaire de chacun. Il revient à chaque service et par extension à chaque collaborateur de l’entreprise de s’assurer que les choix et actions de chaque jour soient alignés avec le projet commun. Cette prise de conscience est le socle de la démarche innovation. Dès lors que je m’interroge au quotidien sur le sens à donner à mon travail et à mes orientations professionnelles, je m’inscris dans le changement. Cette étape correspond à la traditionnelle phase de préparation d’un projet.

-2- Est-ce que tous les besoins de nos clients nous sont connus ?

L’innovation en tant que livrable du processus innovation est le fruit d’une association réussie entre un besoin et une avancée technologique. Il est de coutume de nommer cette association « la synthèse créative ». Nous reviendrons plus en détails sur ce principe dans un article dédié.

Car une innovation rappelons-le n’a de sens que si elle « tend à rechercher le moyen le plus efficient pour répondre aux besoins exprimés ou non des clients actifs ou ciblés ». Ce qui distingue la recherche de l’innovation c’est la perspective applicative : l’innovation est un mouvement qui part de l’intérieur de l’entreprise vers les besoins exprimés ou pressentis des clients ou prospects.

Le point de départ est naturellement le recensement des besoins des clients. Cette phase est éminemment complexe car elle implique de connaître intimement sa clientèle existante et/ou ciblée. Et pour chacun des besoins recensés il convient de déterminer ensuite si la réponse à ce besoin est en ligne avec la stratégie de l’entreprise. On parle alors « d’alignement stratégique ».

C’est évidemment dans cette phase que le référentiel issu de la veille va entrer en scène conférant ainsi sa dimension stratégique à l’intelligence économique.

- 3- Faisons-nous le maximum pour satisfaire nos clients ?

Enfin la dernière étape consiste à établir la matrice de couverture des besoins clients pour lesquels il a été établi une adéquation avec le projet d’entreprise. On distingue dès lors trois catégories de besoins :

-          Les besoins couverts en totalité

-          Les besoins partiellement couverts

-          Les besoins pour lesquels aucune offre (produit/service) n’a été construite

L’innovation va donc consister à créer, compléter et améliorer le catalogue de l’entreprise pour couvrir au mieux et au plus vite chacun des besoins.

Le processus innovation se nourrit en fait de la synthèse créative opérant d’une part entre la mise à jour de la matrice des besoins clients et d’autre part la recherche de solutions technologiques (inventions, découvertes, ruptures…) issues de la veille.

En bref un processus maîtrisable et quantifiable qui implique une connaissance client sans faille et une écoute constante des nouveautés technologiques.

Quoi de plus simple ?

Guillaume Nanot @ recrea-innov - Apicoove Editions - 2014

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