Innovation : la définition qu'en
propose le Manuel d'Oslo est : « la mise en œuvre par
une entreprise, et pour la première fois, d’un produit (bien ou service) ou
d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle
méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans
les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les
relations avec l'extérieur ».
Prenez
garde à ne pas confondre INNOVATION et INVENTION (au sens découverte).
Autrement dit, et pour les PME en particulier qui
n'ont généralement pas les moyens de se lancer dans des programmes de R&D
au long court (fussent-ils très innovants), l'innovation réside déjà simplement
dans leur capacité à FAIRE AUTREMENT.
Au cours des séminaires innovation ou lors des
conférences et débats innovation dont on m'a confié l'organisation revient une
question désormais rituelle "... concrètement comment devient-on
innovant?...". Une question qui sous-entend que la théorie est une chose
simple mais que la pratique est une affaire bien différente. Ma réponse à cette
question peut paraître simpliste mais à qui sait l'écouter elle permet de
s'engager délibérément et significativement sur le chemin de l'innovation :
"L'innovation est un processus
d'amélioration continue, impliquant de manière transverse toutes les fonctions
de l'entreprise, qui consiste à remettre systématiquement en cause chacun des
autres processus de l'entreprise à fins de les améliorer. Il tend à rechercher
le moyen le plus efficient pour répondre aux besoins exprimés ou non des
clients actifs ou ciblés."
Cette définition personnelle est volontairement
centrée sur les processus internes de l'entreprise. En effet l'expérience
montre qu'une entreprise en mouvement (croissance, fusion, restructuration...)
est souvent beaucoup plus innovante qu'une entreprise stable qui plus est
lorsqu'elle opère sur un marché mature. Or l'innovation, nous le verrons plus
avant, peut porter sur des dynamiques très variées. Autre surprise de taille, l'innovation
est souvent initiée par des acteurs non traditionnellement associés à
l'innovation : Finances, Supply-Chain, Informatique, Achats, etc. L’implication
dans un processus d’amélioration continue transverse, de collaborateurs, tous
porteurs d’expertise et de savoir-faire non directement liés aux produits et
services commercialisés par l’entreprise, apportera à terme un regard neuf au
processus innovation en lui-même.
En synthèse, pour insuffler l'innovation dans une
entreprise il convient déjà d'instaurer changement et transversalité comme
postulats à son fonctionnement.
Mais attention, le changement est par définition
incertain et inconfortable !
Sans sombrer dans la crainte infondée et
irraisonnée de l’inconnu, il convient de ne pas sous-estimer les résistances au
changement auxquelles les porteurs d'innovation se retrouvent confrontés. N’oublions
pas que l’innovation s’inscrit dans un cycle long de la vie de l’entreprise ;
c’est un processus lent qui paradoxalement va bouleverser en profondeur les
fondamentaux de l’entreprise. Nous reviendrons sur ce point dans un article intitulé
« les trois cycles fondamentaux de l’entreprise ».
Nous évoquions le changement car la propension à
l’innovation est avant toute chose une caractéristique objective et concrète de
la capacité d'une organisation à se mettre en mouvement. Et donc à se porter
vers l'avant, à se projeter vers son avenir, à réaliser son projet
d'entreprise.
Devenir innovant ou plutôt passer au
"révélateur objectif de l'innovation" est un parcours balisé où
l'on se retrouve confronté non pas à une mais à trois réalités implacables :
-1- Est-ce que l'entreprise est en
cohérence avec son projet d’entreprise (sa stratégie) ?
Cette première brique pose déjà plusieurs
questions assez structurantes et trop souvent oubliées dans une démarche
innovation : avons-nous un projet d’entreprise ? et si oui, ce projet
est-il formalisé ? et si oui, ce projet est-il connu des collaborateurs ?
Travailler sur la rédaction du projet d’entreprise est du ressort des dirigeants
et des parties prenantes (CA, actionnaires, mandataires, Direction Générale,
etc …)
Mettre en cohérence ce projet d’entreprise
avec son quotidien est l’affaire de chacun. Il revient à chaque service et par
extension à chaque collaborateur de l’entreprise de s’assurer que les choix et actions
de chaque jour soient alignés avec le projet commun. Cette prise de conscience
est le socle de la démarche innovation. Dès lors que je m’interroge au
quotidien sur le sens à donner à mon travail et à mes orientations
professionnelles, je m’inscris dans le changement. Cette étape correspond à la traditionnelle
phase de préparation d’un projet.
-2- Est-ce que tous les besoins de nos
clients nous sont connus ?
L’innovation en tant que livrable
du processus innovation est le fruit d’une association réussie entre un besoin
et une avancée technologique. Il est de coutume de nommer cette association « la
synthèse créative ». Nous reviendrons plus en détails sur ce principe dans
un article dédié.
Car une innovation rappelons-le n’a
de sens que si elle « tend à rechercher le moyen le plus efficient pour
répondre aux besoins exprimés ou non des clients actifs ou ciblés ». Ce
qui distingue la recherche de l’innovation c’est la perspective applicative :
l’innovation est un mouvement qui part de l’intérieur de l’entreprise vers les
besoins exprimés ou pressentis des clients ou prospects.
Le point de départ est
naturellement le recensement des besoins des clients. Cette phase est
éminemment complexe car elle implique de connaître intimement sa clientèle
existante et/ou ciblée. Et pour chacun des besoins recensés il convient de déterminer
ensuite si la réponse à ce besoin est en ligne avec la stratégie de l’entreprise.
On parle alors « d’alignement stratégique ».
C’est évidemment dans cette phase
que le référentiel issu de la veille va entrer en scène conférant ainsi sa
dimension stratégique à l’intelligence économique.
- 3- Faisons-nous le maximum pour
satisfaire nos clients ?
Enfin la dernière étape consiste à
établir la matrice de couverture des besoins clients pour lesquels il a été
établi une adéquation avec le projet d’entreprise. On distingue dès lors trois catégories
de besoins :
-
Les besoins couverts en totalité
-
Les besoins partiellement couverts
-
Les besoins pour lesquels aucune offre
(produit/service) n’a été construite
L’innovation va donc consister à créer, compléter
et améliorer le catalogue de l’entreprise pour couvrir au mieux et au plus vite
chacun des besoins.
Le
processus innovation se nourrit en fait de la synthèse créative opérant d’une
part entre la mise à jour de la matrice des besoins clients et d’autre part la
recherche de solutions technologiques (inventions, découvertes, ruptures…)
issues de la veille.
En bref un processus maîtrisable et quantifiable
qui implique une connaissance client sans faille et une écoute constante des
nouveautés technologiques.
Quoi de plus simple ?
Guillaume Nanot @ recrea-innov - Apicoove Editions - 2014
Guillaume Nanot @ recrea-innov - Apicoove Editions - 2014
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